SI À GAUCHE, LES CHOSES SE DÉCANTENT PEU À PEU, à droite le spectacle volontiers grand¬guignolesque laisse dubitatif plus d'un observateur, les coups bas pleuvent avec à la clef une surenchère programmatique proprement hallucinante. Haro sur tous les acquis sociaux ou plutôt ce qu'il en reste.
En effet, les sept rescapés du premier filtrage de la primaire de droite s'affrontent en direct via le service public de la télévision en prime-time, excusez du peu. Ils ne restent plus donc en lice que Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Jean Francois Coppé, Bruno Lemaire et l'ineffable Jean-Frédéric Poisson, Président du micro Parti Chrétien-démocrate, à qui les requins libéraux ont fait l'insigne faveur de laisser une petite tribune. Ce dernier en a profité pour se griller comme une sardine sur un barbecue en dénonçant les lobbys sionistes (sic !), en déclarant qu'il voterait Marine Le Pen en cas de duel, provoquant la stupeur de ses co-listiers, enfin en voulant tenir meeting commun avec Robert Ménard... pour finalement y renoncer, recadré en cela et sur le vote Le Pen par la Haute Autorité, gardienne du scrutin.
Même si, via leurs prestations télévisuelles publiques et la foultitude de micros qui leurs sont tendus, ils essayent de marquer leurs différences, en vérité pas un(e) ne sort vraiment du lot. Ce sont tous des fieffés libéraux adeptes du capitalisme financiarisé qui se tirent « la bourre » afin d'être le plus zélé dans ce domaine. Un simple regard dans leurs programmes donne le mal de mer, avec eux les syndicats vont être à la fête et les mouvements de grève ne sont pas prêts de se calmer. Nathalie Kosciusco Morizet est pour « supprimer toute référence à une durée légale unique du travail en deçà du plafond européen de 48 h par semaine » (sic !) Juppé lui est pour passer à 39 h, quant au placide Fillon ce sont les entreprises qui décideront au cas par cas de sortir des 35 h... Ben voyons. Pour faire court, Juppé est dans le peloton de tête en voulant reculer l'âge de la retraite à 65 ans (plus 5 ans d'études en moyenne), le calcul est vite fait. Il veut supprimer pas moins de 300 000 fonctionnaires, compensés selon lui par une augmentation du temps de travail... Baisser les dépenses publiques de 85 milliards qui permettront de financer 28 milliards de baisse d'impôts pour les entreprises, etc. etc. Fermer le ban.
Des électeurs de gauche à l'instar de l'intellectuel Thomas Piketty (Le Capital au XXIè siècle) s'apprêtent à participer à la primaire de droite pour faire barrage à tel ou tel « (...) au risque de conférer au candidat qui en sortira vainqueur une légitimité supplémentaire quand il appliquera son programme » met en garde Serge Halimi du Monde Diplomatique. « Nous ne devons pas être aussi cynique qu'eux ! La loyauté, en politique c'est d'être honnête, de suivre ses idées jusqu'au bout. Après, advienne que pourra, le souverain c'est le peuple ! » explique Jean Luc Mélenchon au micro de Jean-Jacques Bourdin. Ajoutons que pour pouvoir voter à cette primaire le futur votant doit déclarer par écrit soutenir les valeurs de droite... Ce n'est pas le moindre des châtiments !