SORTIEOUEST EST EN DANGER. Ce n’est rien de le dire. Une saison tronquée, un futur incertain pour un personnel inquiet de son devenir et un projet qui a mis dix ans à atteindre sa plénitude remis en cause du jour au lendemain sans consultation, sans évaluation.
Le département de l’Hérault a ainsi décidé dans la précipitation de créer un EPIC dénommé Hérault Culture regroupant deux entités ; le domaine d’O à Montpellier et sortieOuest à Béziers. On ne sait si cela s’apparente à une tactique politique pour contrer le président de la métropole de Montpellier, M. Saurel dont l’intention est de récupérer le domaine dès 2017 comme la loi Nôtre lui donne le droit. Ou si c’est par volonté de faire des économies dans une période rendue difficile par les baisses de dotation de l’Etat alors que la pauvreté explose comme jamais dans notre département. Si c’était le cas, il y aurait matière à réfléchir au maintien du projet dans un nouveau cadre budgétaire et administratif qui prendrait en considération d’une part le rééquilibrage nécessaire des subventions entre le domaine d’O et sortieOuest, et d’autre part la spécificité culturelle et politique du territoire biterrois souffrant encore d’une faible offre culturelle.
Mais visiblement il ne s’agit pas que de cela.
Nous sommes en face d’une «trumpisation » des esprits qui, depuis 2015 et les départementales, est à l’oeuvre autour de Béziers.
Une trumpisation qui se déploie autour d’une pensée réductrice de la culture et qui fait du divertissement la finalité de toute politique culturelle. Ce manque d’ambition ou de discernement amène progressivement à tirer un trait sur toute forme d’art ou de culture dont le propos est d’aller au-delà de la seule distraction, sans jamais l’exclure, pour porter un regard critique, émancipateur sur le monde dans lequel nous vivons.
C’est ainsi que jugeant du spectacle vivant à l’aune de ce qui s’affiche dans les supermarchés de la culture où la notoriété fait office de talent, tout spectacle qui propose
une exigence artistique en utilisant l’émotion et la pensée est condamné par avance.
De ce fait, petit à petit, ici, sur notre territoire, alors qu’il faudrait se mobiliser pour amplifier les projets de service public de la culture, accorder de nouveaux moyens à l’éducation artistique afin que les lieux de culture soient aussi familiers aux enfants que les jeux vidéos, certains politiques, par méconnaissance ou négligence, prêtent l’oreille à des discours convenus et surannés perdant de vue que l’art et la culture font de nous des êtres civilisés qui reconnaissent l’humanité de l’autre, même quand celui-ci est différent de nous.
In la Lettre N°13 décembre 2016