L'impact réel sur le pouvoir d'achat d'un couple de retraités est colossal car s'appuyant sur le revenu fiscal de référence, il n'épargne quasiment personne, même les titulaires de pensions de handicap. De 500 à 1500 euros annuels, la baisse de revenu va forcément impacter l'ensemble des échanges commerciaux, d'autant plus que cette taxe s'ajoute à la suppression de la demi-part des veufs et des veuves, à la taxe de 0,3% sur les retraites, au gel depuis 4 ans (sauf 0,8% récemment) de la revalorisation, et ceci sans parler de l'augmentation du diesel, des cigarettes de la limitation à 80 km/h...
Si la France était en situation de faillite comme le prétendait Fillon, bien sûr que la contribution des retraités, au même titre que de l'ensemble des français serait acceptable. Mais que nenni, sinon comment comprendre que le gouvernement se prive de plusieurs milliards en supprimant l'ISF, et qu'un nouveau français est millionnaire tous les deux jours. Pour être concret, l'ensemble des retraités portiragnais va perdre en un an, ce que Muriel Pénicaud, ministre du travail, va économiser, également chaque année, en impôt sur la fortune !!!
Loin d'être des nantis, les retraités touchent une pension qui n'est pas un salaire différé, mais qui est un droit acquis par une quarantaine d'années de versements (pour les retraités de l'époque). Que cette contribution leur soit en partie contestée, relève du hold-up social que le Conseil Constitutionnel n'aurait jamais dû accepter car il est discriminatoire. Mais a t-on déjà voté pour désigner les membres du Conseil Constitutionnel ?
Au moment où la croissance chère aux libéraux, semble retrouver de la couleur, l'impact de la hausse de la CSG sur les retraités, va toucher de nombreux secteurs économiques et sociaux. Car contrairement aux hauts revenus et aux rentes diverses, la caractéristique de l'argent des retraités est qu'il circule dans l'économie. Les petites retraites mettront les gens un peu plus en difficulté, avec une dégradation des soins à la personne (santé, alimentation, loisirs .. .) et vont alimenter les recours associations caritatives du type Restau du cœur, Secours populaire ... Les retraites légèrement supérieures vont être amenées à mieux arbitrer leurs priorités. Il n'y a aucun doute qu'avec ce niveau de baisse de revenu, les dépenses les moins indispensables vont être affectées, comme par exemple tout ce qui relève du culturel : voyages, sorties, spectacles, lectures, restaurants ... Tous ces secteurs peuvent dire adieu à la croissance, mais c'est tout bénef pour un gouvernement décidément bien à droite, car l'on sait bien que la culture qui émancipe et qui libère est l'ennemi jurée d'une droite décomplexée...
Pour compenser l'ascenseur social qui marche à l'envers, l'argent des retraités va souvent vers les plus jeunes générations. Nombre de grands-parents aident (financièrement) leurs enfants et petits-enfants permettant par exemple, de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. Là aussi, la mesure est aberrante car il y a trop d'étudiants salariés, ce nombre va forcément augmenter, et l'on sait qu'il s'agit là d'un des facteurs les plus importants d'échecs, ou tout au moins de retards dans les formations des jeunes.
Manifester ?
Bien sûr, on l'a fait, on le refera.
Moins dépenser ?
Ça c'est certain, mais peut-être nous reprochera t-on cyniquement de moins contribuer à la relance.
Exister, participer ?
On le fait déjà. Mais à travers cette mesure discriminatoire, c'est le rôle social du retraité qui est bafoué. Rien que sur Portiragnes, plus de la moitié des associations référencées sont présidées par des retraités, et en comptent de nombreux dans leurs Conseils d'Administrations. Contrairement à l'acception que veut faire passer le gouvernement, les retraités ne sont pas des inactifs (nantis), mais au contraire, ils sont les moteurs essentiels de la machine associative.
Alors que faire ? N'est-ce pas là où l'on est nombreux et nécessaires, qu'existe un levier pour une juste reconnaissance et un réel respect ?
Mais à travers le bénévolat, qui n'est rien d'autre que du travail gratuit, le retraité ne s'est-il pas tiré une balle dans le pied ?
Certes, l'on va me rétorquer que cela mettrait les associations en périls, mais comme les grèves des cheminots mettent les passagers en difficulté. Bien sûr, mais ce n'est pas là le problème, car la grève est toujours une conséquence, et n'est que la mise en action d'une lacune sociale qui n'a pu être réglée en amont.
Car face au bulldozer des réformes de l'ordolibéralisme en action, dans une société où chacun est opposé à l'autre, il va être indispensable de coordonner une résistance, à la fois individuelle et collective.