Nous voici en 2018. Il est de coutume de souhaiter une bonne année à la famille, aux amis, aux proches, comme à tous ceux que nous rencontrons. Qu’ils soient de politesse ou sincères, ces quelques souhaits sont une invitation à partager sinon un hypothétique bonheur à venir, au moins le désir que la bonne fortune, la chance, le succès soient avec chacun comme si nous escomptions, en se faisant, rendre compte d'un destin partagé, celui de notre humanité. Et le premier de nos souhaits concerne la santé parce que c’est de notre constitution et de nos forces que nous tenons et dépendons.
Donc, je vous souhaite ou nous souhaite une bonne santé
et une très bonne année 2018.
Seulement la santé ne se satisfait pas de simples vœux pour être au rendez-vous. Nos aïeux savaient par expérience que la santé n'est pas donnée à tout le monde mais dépend, avant tout, des conditions de vie et de travail. C’est pourquoi, eux, qui vivaient cette difficulté tous les jours, se sont battus pour que chacun puisse bénéficier des soins et de la meilleure santé possible.
La lutte pour la santé est donc une longue affaire. Elle a permis la création de la sécurité sociale, comme celles du SMIC, du code du travail, des logements sociaux, des congés payés, de la réduction du temps de travail, des accès à l'éducation et à la culture...
En somme tout ce qui constitue notre société organisée autour du Mieux Vivre et de la solidarité.
Or tout ce qui était devenu tellement évident, sans doute trop, est remis en cause, annulé, déconstruit par des hommes politiques soumis à la finance et au clan des grandes fortunes internationales.
C'est ce que s'ingénie à faire Macron depuis qu'il est devenu président d'une France déboussolée. Sa mission n'est pas très complexe et s'inscrit dans les politiques menées avec plus ou moins d'énergie et de savoir-faire par ses prédécesseurs.
Il n'y a donc aucune raison que cela s’arrête. Au contraire, 2018, 2019, puis 2020...seront des années qui doivent parachever l’entreprise en cours. Jusqu'où cela ira-t-il ?
Cela dépendra de notre capacité à résister à ces reculs sociaux qu'ils ont l'audace d'appeler " réformes" pour mieux duper leur monde et dont le but est de faire entrer notre pays définitivement dans une constellation libérale où états et individus sont soumis à la loi d'airain de la concurrence...
Ainsi année après année, jour après jour, nous passons d'une société organisée autour de la solidarité et du "bien commun" à un ordre social centré sur la compétition des hommes entre eux : ce qu’on nomme parfois « l’ubérisation du monde. »
Ce qu'il est difficile de comprendre et encore plus d'accepter c'est notre incapacité à stopper ce mouvement et à nous mobiliser contre les objectifs de ce projet que nous percevons très bien.
En sera-t-il autrement en 2018 ?
Je le souhaite de tout mon cœur et de toute ma raison, bien sûr, même si certains jours, le doute m’envahit.
D'abord, parce que cela prendra du temps pour provoquer une prise de conscience et inverser les opinions.
Ensuite, parce que les forces à gauche ont du mal à résister à la vague et à la vitesse des mesures et des lois qui s'accélèrent.
Enfin, parce que nous sommes, nous, salariés, employés, ouvriers, retraités, étudiants, divisés, compartimentés et séparés dans la lutte mais aussi englués dans des intérêts catégoriels et des volontés de singularité et d'altérité qui nous font perdre de vue ce qui relève de notre intérêt collectif.
Vous me direz que tout ceci ne respire pas l'optimisme et plombe l’espérance dont nous avons tant besoin pour continuer de lutter.
Je vous l'accorde bien volontiers et j'aimerais que les faits futurs me donnent tort.
Je nous le souhaite pour 2018, même si le constat d’Éric Vuillard devient de plus en plus prégnant dans une Europe qui s’est construite sur des principes néolibéraux:
"L'histoire est toujours une autre manière de regarder le présent. Bien sûr, le monde est aujourd'hui radicalement différent de celui des années 1930, et pourtant les coordonnées se ressemblent. Nous assistons à une montée de l'autorité, du racisme, mais aussi à une forte emprise de la finance, à une aggravation des inégalités."
Cependant, malgré les doutes et au-delà de mes états d'âme, je suis incapable de mettre la pédale douce et de renoncer à ce qui a décidé de la création de Cap A Gauche il y a maintenant 6 ans ; à savoir le désir de "renforcer la conscience citoyenne et réfléchir aux alternatives possibles à l’idéologie libérale."
Je vous souhaite donc à vous tous, qui sans résignation continuez de vous battre, tous mes meilleurs vœux pour que notre combat pour le progrès humain se poursuive et s'intensifie en 2018.
Luc L.